(les gardiennes de la terre en Mina langue du sud Togo)
Au cœur du village d'Amanikro réside un groupe de femmes extraordinaires, dont l'histoire et le
mode de vie sont tissés dans la trame même de cette communauté cacaoyère. Aux côtés de leurs
hommes, planteurs de cacaoyers, les femmes de cette communauté allient sagesse ancestrale et
respect profond pour la terre, la mère nourricière.
À Amanikro, le cacao est depuis longtemps une source de subsistance, de renommée et d'identité.
Les hommes se sont traditionnellement consacrés à la culture du cacao, mais au fil des années,
il est devenu évident que cette monoculture épuise la terre, affaiblissant sa fertilité et
menaçant l'avenir même de la communauté. L’autosuffisance alimentaire est devenue la tâche ardue
des femmes d'Amanikro.
Ces femmes fortes et visionnaires ont choisi de diversifier leurs activités agricoles en
cultivant une variété de produits vivriers. Elles pratiquent la rotation des cultures, plantent
des cultures de couverture pour protéger le sol et restaurer sa fertilité naturelle. Leur
expertise a été transmise de génération en génération, et elles ont su intégrer des
connaissances traditionnelles avec des techniques modernes de préservation de l'environnement.
Cependant, leur impact ne se limite pas seulement à la terre. Ces femmes jouent également un
rôle essentiel dans le tissu social de la communauté. Elles se réunissent pour partager leurs
savoirs, pour célébrer les réussites et pour se soutenir mutuellement afin de relever les défis.
Leurs initiatives ont non seulement contribué à maintenir la santé du sol, mais aussi à
renforcer les liens entre les habitants d'Amanikro.
Dans cette série de photographies consacrée à ces femmes baptisée "les gardiennes de la terre",
je dresse le portrait de ces braves femmes en prenant soin de mettre en lumière les liens
étroits et les interactions qui tissent une toile entre ces femmes au cœur de la communauté
d’Amanikro.
Concrètement, j'ai fait des portraits à la caméra puis des instantanés pris avec un appareil
polaroïd. J'ai ensuite choisi de juxtaposer les polaroïds sur les feuilles délicates d'une
branche coupée d'un cacaoyer. Cela a servi de toile de fond à une nouvelle série de clichés pris
en studio. Cette conception établit un lien évocateur entre l'idée d'un arbre généalogique et la
plante du cacao, symbolisant un lien plus profond que le simple lien de parenté. Les polaroïds
négatifs se présentent tels des silhouettes, en hommage aux absents ou décédés de cette lignée,
témoins discrets mais puissants de leur héritage