(Douleurs de femmes, en Kabyè, langue nationale du Togo)
Lina Mensah, est la fille aînée d'un couple de photographes soixantenaires. Cette jeune
photographe de 27 ans embrasse également ce métier « qui l'a choisi », comme elle dit. «
Beaucoup disent que « photographe » n'est pas un métier pour une femme. Et que les impératifs
liés à mon genre auront bientôt raison de ma passion. Ce n'est pourtant pas la seule raison de
mon tourment, qui a fait naître cette collection photographique dédié avant tout aux femmes. A
travers cette série photo, je lève le voile sur les violences au féminin, dont celles que j'ai
subi. Je révèle également des secrets, ceux de mes sœurs de cœur, ces femmes qui spontanément
m'ont ouvert leurs cœurs meurtris grâce à ce projet : halo nu-) — Douleurs de femmes
Certaines femmes s'y reconnaîtront, d'autres y verront peut-être des bribes de témoignages qui
pourraient être les leurs, ou ceux de leurs aînées. J'ai choisi comme point de départ
l'illustration en autoportrait des scènes de violences de mon enfance, qui me sont revenues en
mémoire. Des clichés personnels, auxquels j'associe des clichés d'autres femmes via des
techniques de collages ou de double exposition. Et ce, dans le but de mettre en lumière
plusieurs voix pour évoquer les violences passées sous silence, dans nos sociétés africaines
patriarcales. Je dédie ce travail à toutes celles qui n'ont pas encore le courage de parler, et
à celles qui ne le feront plus jamais, ou qui le font peut-être déjà, depuis l'au-delà. »